Kang Haeng Bok

du 12 février 2015 au 28 février 2016

À la pointe de son couteau il y a le Ki.
Il creuse les sillons de l’existence.
Il nous prépare un espace de repos en sillonnant et en retournant la terre
Dans les champs de cœur. Nous pouvons rester une demi-journée dans ce refuge.
La pointe de sa lame n’est pas courbée vers l’extérieur, elle s’oriente vers l’intérieur, vers le fond du pays natal d’antan.
Il a trouvé ce bonheur dans le bouddhisme. A la place de la carence matérielle, l’abondance spirituelle s’est rapprochée, de lui, comme le parfum de l’encens.
C’est ainsi qu’il a pu recharger sa passion pour la création.
Il essaye de révéler l’intérieur du monde invisible par la vue, l’ouïe et les sensations.

Il lui incombe alors de révéler comment réaliser la forme de l’objet ubiquiste.
Il contemple au travers de la vision de ses travaux, le moyen de ramener l’univers du bouddhisme à partir d’un monde visuel simple vers la vacuité spirituelle pure.


Extrait de l’écrit de PARK Young-Taek

Un dialogue dans la Chapelle.Cette idée que les couleurs viendraient du noir, par le craquage du charbon puis du pétrole pour obtenir les couleurs primaires. Comme une idée du mélange additif et du mélange soustractif. Ses couleurs qui viennent du noir, comme la chimie moderne le peut maintenant.

Kang Haeng Bok est coréen, et prend le paysage et l’écriture comme prétexte pour pratiquer cette incroyable technique qu’est la xylographie quand elle passe entre ses mains. Le premier alphabet gravé dans du bois est Coréen. Comme dans un bruit assourdissant, apparaitrait le calme et la sérénité.

D’abord présentées dans leur identité noire et blanche, elles se confrontent dans un dialogue de couleurs qui met en évidence la vibration des graphismes dont la juxtaposition donne naissance à des trames passagères saisies par l’empreinte, et qui se joue avec notre nouvelle perception de l’image devenue numérique.

La fresque elle, est culturelle issue des références de la religion chrétienne et avec tout le savoir-faire des « artistes » de l’époque qui suivaient scrupuleusement un cahier des charges.
Dans la chapelle j’ai imaginé faire sortir de l’ombre l’œuvre de Kang Haeng Bok , celle du sol, de ce rez de chaussée qui avait conduit les moines à surélever les dortoirs de leurs abbayes de peur d’être attrapé par le diable pendant la nuit, quand le sommeil leur fait perdre conscience
Ainsi sortie de la terre elles iraient à la rencontre de cette peinture de lumière, conçue avec la lumière, et blottie sur ces voûtes qui symbolisent le ciel.

Les couleurs naturelles de la fresque pour représenter le surnaturel, alors que le travail de Hang Kaeng Bok représente un monde « naturel » avec des couleurs artificielles (surnaturelles) , essentiellement des couleurs primaires . Recouvrir la base des murs de cette tarlatane noire, pour y disposer les estampes, de manière à maintenir un monde flottant et transitoire , en dialogue avec la permanence ( apparente) de la voûte et de la fresque, il n’y aurait pas fusion, mais une cohabitation respectueuse entre nos deux mondes.

La rencontre d’une immanence bouddhiste et d’une transcendance chrétienne. Mettre en évidence cette altérité comme un enrichissement de l’un et de l’autre par le dialogue de leurs expériences. La fresque et les estampes se joignent par la matité de leur texture qui aboli les reflets et nous font entrer dans la matière…et puis la narration, il y a des histoires qui y circulent entre la voie lactée et le chemin de la méditation, des chemins de méditation imprimés sur format Jésus.

Luc Thiburs. Janvier 2016