La chapelle Saint-Julien est l’unique bâtiment du XIIe siècle intégralement conservé avec ses peintures murales des XIIe et XIIIe siècle dans l’agglomération Rouennaise. Elle est modestement, au milieu de constructions des années 60, un des joyaux de l’architecture en Normandie.
Au début de l’an mil la rive gauche de la Seine est entièrement recouverte d’une forêt propice à la chasse pour les ducs de Normandie. Henri Il de Plantagenet décide aux environs de 1160 d’y établir une résidence.
Ainsi, le roi d’Angleterre et duc de Normandie est à l’origine de la chapelle seigneuriale placée sous le vocable de notre Dame de la vierge. Henri Il de Plantagenet et son épouse Aliénor d’Aquitaine profiteront peu de ce lieu, les affaires de la cour d’Angleterre devenant trop prenantes.
Édifiée dans la seconde moitié du XIIe siècle, la chapelle est influencée par l’architecture anglo-normande où se mêlent harmonieusement le style roman caractérisé par la présence de pleins-cintres ornés de zigzag et de chapiteaux finement sculptés et le style gothique illustré par la présence d’une voûte d’ogives dans le chœur
La chapelle prend le nom de Saint Julien L’hospitalier martyr chrétien mort en 304, réputé pour avoir atteint la sainteté après avoir guéri un lépreux de sa maladie, quand le roi pour le salut de son âme cède l’édifice à une communauté religieuse.
En 1 600 le domaine est donné aux moines bénédictins de l’abbaye Ste Catherine de Rouen dont le couvent venait d’être détruit. Puis succéda l’ordre religieux des chartreux au moins jusqu’en 1698. La chapelle est vendue comme bien national en 1791, et vivra différents usages au gré des propriétaires durant de longues décennies. Elle sera tour à tour écurie et grenier à foin, colonie horticole pour jeunes détenus qui permet le retour de la pratique du culte qui exige de nombreux travaux de restauration.
En 1 867 la chapelle est cédée gracieusement à la commune qui aussitôt en fait la chapelle de l’hôpital qui s’apprête à ouvrir. La chapelle est dans un premier temps destinée aux malades et aux cérémonies d’enterrement des indigents avant d’être ouverte à tous les catholiques souhaitant y prier ou assister à la messe. La chapelle perdra sa fonction cultuelle en 1960.
Le bâtiment et les peintures murales sont classés aux monuments historiques depuis le 22 Juin 1869. De nombreuses campagnes de restauration ont été nécessaires, mais c’est à la fin du XIXe siècle que l’état intervient pour des travaux d’une ampleur conséquente. L’architecte Louis Sauvageot, élève de Viollet-Le-Duc, s’attelle plus particulièrement à retrouver l’état d’origine de la chapelle.
Malgré les travaux réalisés à la fin du XIXe siècle, l’état de conservation général de la chapelle suscite, dans les décennies suivantes, de nombreuses inquiétudes. La dépose des peintures de la voûte entre 1962 et 1965 offre alors l’occasion de pratiquer sur le bâtiment une nouvelle campagne de restauration à grande échelle.
La restauration des peintures murales de la voûte se fera en utilisant la spectaculaire technique du strappo qui consiste à décoller la couche peinte épaisse d’un 10e de millimètre de son support. Cet ensemble décoratif mesurant près de 56 m2 de surface est déposé entre 1962 et 1965 puis restauré par les Musées Nationaux, sous la direction de Marie-France de Christen. Les risques que sont l’humidité et les variations de température pour la pérennité des peintures, sont écartés avec l’installation d’un système de chauffage et de maintien à température constante, grâce aux efforts conjugués du Ministère de la Culture et de la Ville de Petit-Quevilly.
Les précieuses peintures réintègrent la voûte en 1983 et 1984. Fin 2007, une campagne de restauration, avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication, le Département de Seine Maritime et la Ville, a permis une mise en lumière de la chapelle avec l’aménagement de l’esplanade et une restauration des vitraux par les ateliers du maître verrier Patrick Forfait.
L’entreprise Lanfry a remplacé les pierres de baies endommagées. Les grilles de protection elles, ont été travaillées dans l’atelier Blondel métal.
La chapelle a sa place dans la vie culturelle Quevillaise, elle bénéficie d’une attention toute particulière de la part de ses nombreux amoureux.