Portraits du monde flottant
Du 24 novembre au 14 décembre 2017
Les portraits photographiques que Jean RAULT réalise depuis les années 80 sont caractérisés par un dispositif simple : pas d’effets techniques, pas de trucages, surtout pas de surenchère chromatique, des lumières souvent enveloppantes et assez neutres, on pourrait dire que c’est du « studio classique » sans « trucs de photographes ». Le « protocole » aussi est ramené lui aussi à une forme assez radicale : Sobriété, frontalité, les poses suggestives des magazines sont évitées aussi bien que les effets de mode, les expressions trop appuyées ou extravagantes des visages aussi sont proscrites pour échapper au caractère contingent de la situation.
La rencontre des modèles amateurs s’est souvent faite grâce à des petites annonces passées par l’auteur dans la rubrique « Offres d’emploi » ou par l’entremise d’un tiers (amis d’amis, vernissages, voyages, etc.).
Les photographies sont souvent prises chez les modèles ou dans un endroit de leur choix.
Pour les portraits « plus ou moins nus », l’unique critère pour poser c’est d’avoir plus de 18 ans. L’auteur ne choisit pas en fonction de ses goûts personnels.
Ainsi, sont automatiquement posées les questions du BEAU IDÉAL, du BEAU « CONVENU », du « BEAU NATUREL » ou du BEAU ACADÉMIQUE [1]*.
En anglais on dirait Naked Portraits plutôt que Nudes.
Jean RAULT essaie d’être attentif à la « puissance de l’être-là » de l’Autre.
Parmi une multitude de grands artistes de tous les domaines, toutes les contrées et de toutes les époques de l’histoire de l’art, Jean RAULT se réclame en particulier de deux grands maîtres de la Photographie : August Sander, photographe allemand (1876-1964) et Diane Arbus photographe américaine (1923-1971).
En France “Le Nu” est lié au “dessin du modèle vivant”, à la tradition des Beaux-Arts et aussi à une forme d’académisme “bourgeois” hérité du XIXème siècle.
Au Japon, représenter le corps nu dans l’art est une importation occidentale,
c’est pourquoi on dit “noudo”, traduction de l’anglais nude pour dire « nu ».
Dès son premier séjour au Japon en 2000, Jean RAULT a souhaité prolonger, interroger et peut-être « valider » son travail de portraits plus ou moins nus, commencé en Occident dans les années 80 et ainsi expérimenter un nouveau rapport au corps, au vêtement, au théâtre intime, à l’espace et en particulier au sol.
Les enseignements du grand réalisateur japonais OZU Yasujiro ont été d’une aide précieuse.
Les portraits japonais ont été regroupés sous le titre général :
PORTRAITS DU MONDE FLOTTANT, c’est l’objet de la proposition faite à la Chapelle Saint-Julien en novembre-décembre 2017.
Plus d’explications sur le site : http://www.jeanrault.fr/
Un article sur le site « l’œil de la photographie »
[1]* Jean RAULT a été étudiant en philosophie avant d’entrer aux Beaux-Arts et il a été professeur à l’École Régionale des Beaux-Arts de Rouen pendant une petite vingtaine d’années.